Le voyageur qui se dirige vers le nord de Montpellier tombe plus ou moins rapidement, en fonction de son mode de locomotion – une bonne heure grâce au pétrole, deux jours en étant bon marcheur – sur le sud du Massif Central : la chaine des Cévennes. Terre historique de transhumance mais aussi de résistance en des temps troublés de l’Histoire, cette alternance de crêtes et de vallées à l’ambiance quelque peu mystérieuse est toisée par les deux sommets emblématiques que sont le Mont Aigoual et le Mont Lozère. A l’automne, le spectacle est particulièrement magnifique quand la forêt se pare de ses plus belles couleurs. L’hiver y est rude, bien qu’il se soit assagit sous les effets du dérèglement climatique… Non loin vers l’ouest, c’est un autre monde qui se dévoile, complètement différent : les Causses, plateaux calcaires dont le paysage rappelle par endroits les grandes steppes d’Asie centrale et où les humains se font bien rares.
Itinérance Lozérienne
Pendant longtemps, j’ai associé le voyage à des déplacements dans de lointaines destinations plus ou moins exotiques, que je cherchais à rejoindre le plus rapidement possible pour y voir le plus de choses possibles. Et puis les choses ont changé. Une poignée de lectures, un zeste de discussions et l’émergence d’une conscience écologique se sont rassemblés pour provoquer un grand chambardement de mon imaginaire. Désormais, le voyage sera lent, sans kérosène et pas trop préparé à l’avance, ou bien il ne sera pas.
Octobre 2020. Je monte dans le train à Montpellier en direction du village de Génolhac. Carte en main, arsenal de randonnée sur le dos et appareil photo sur le cou, j’ai décidé de traverser le Mont Lozère entièrement à pied, sans itinéraire pré-établi avec comme seule certitude ma destination, la ville de Florac. Je suis à moins de cent kilomètres à vol d’oiseau de chez moi. Pourtant, la lenteur imposée par la marche, la solitude, la soumission aux aléas climatiques, la sortie des sentiers battus et l’ambiance mystérieuse de l’automne furent pour moi un véritable voyage, aussi bien dépaysant que spirituel.
Ces photos sont un hommage à la lenteur, aux paysages qui se savourent doucement au doux rythme de la marche ainsi qu’au magnifique département de la Lozère qui, à lui seul, sait faire voyager de bien des manières… Une partie d’entre elles ont été présentées dans le cadre de l’exposition “Itinérance lozérienne” qui s’est tenue lors du festival de voyage “What a trip !”, les 18, 19 et 26 septembre 2021, au château de Castries (Hérault).